Article #2 Sport et Santé

Pascal, portrait d’un phénix impatient, résilient et engagé !

Par Thierry Rousseaux, chargé de mission sport & santé / Christelle Taque, sous-directrice de la communication

 

Affecté à la BMO de Belley (01), l'adj Pascal G. a été percuté en avril 2018 par un délinquant (multirécidiviste) circulant à moto, en agglomération à très grande vitesse et qui a refusé d'obtempérer à un contrôle. Il s’est retrouvé 3 jours dans le coma avec un pronostic vital engagé.

A son réveil, Pascal apprend la terrible nouvelle « je ne savais pas la gravité de mes blessures… et j’ai demandé à mon épouse. Elle m’a répondu qu’elle n’avait pas le droit de le dire… je lui ai dit d’être cash… je sentais bien que ma jambe droite était plus légère que ma jambe gauche… ». Polytraumatisé avec les 2 jambes atteintes très grièvement, il a dû être amputé de la jambe droite sous le genou et garde des séquelles importantes sur la jambe gauche.

 

A l'hôpital, Pascal s'est investi intensément dans sa rééducation pour ne pas être placé en CLD ou CLDM. Il a d'ailleurs été autorisé à reprendre le travail au bout de « 5 mois et 8 jours »… Cela dit, il n’a pu réintégrer son unité motorisée « je me doutais bien que la moto bleue, c’était fini…». De son parcours professionnel post blessure, Pascal retient, malgré les difficultés administratives rencontrées, le soutien de l’institution « Ça fait 35 ans que je suis gendarme, 8 ans de mobile, 27 ans de moto… qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? ». Grâce à l'appui de son commandement, et de la décision du commandant de région, Pascal a pu occuper un poste de chef secrétaire au CGD de Belley (01).

 

Avant sa blessure, Pascal était un vrai sportif « j’ai toujours fait de la course à pieds, un marathon, des semi-marathons, du trail, du VTT, du tir au pistolet (10 m à air comprimé) ainsi que du karaté-do, de la via ferrata et du parapente… ». C’est donc sans surprise que le sport fait partie intégrante de sa reconstruction « je faisais du 3000 m, donc c’est 7 tours et demi de piste… ». Il a participé également très rapidement aux rencontres militaires blessures et sport (RMBS) avec d’autres militaires blessés et au challenge Ad Victoriam (1). Sa participation à ce dernier événement sportif a été stoppée par la pandémie… et, également, par la technologie « le problème aujourd’hui, c’est que je ne suis pas encore appareillé pour courir… avec la prothèse que j’ai, ça m’est difficile et douloureux ». Accompagné par le chef du service orthopédique des Invalides, Pascal attend d'être reçu en 2021 à Percy afin de pouvoir tester différentes prothèses qui lui conviendraient.

 

« Tout le monde me dit que ça ne fait que 2 ans et demi, je suis impatient. De toute façon, c’est toujours trop long… » L’impatient Pascal a hâte d’obtenir la prothèse adaptée à sa blessure et à ses ambitions de sportif. Il rêve d’un 5000 ou 10000 mètres « j’ai vraiment besoin de ça pour me dépasser ». « La nuit quand je ferme les yeux, je me vois en train de courir ».

 

Par ailleurs, Pascal est très attaché au collectif des Phénix (regroupant tous les blessés de l’Arme s’étant engagés dans un parcours de reconstruction par le sport) et de façon plus large à tous les blessés interarmées. Ainsi, il milite en faveur de « l’association invaincus », qui vient de publier un calendrier 2021 sur le thème du rugby, dont les bénéfices serviront à financer un stage de reconstruction par le sport en pleine nature, dédié aux blessés psychiques (https://www.association-invaincus.fr/product-page/calendrier-invaincus-2021).

 

L’année prochaine, Pascal comptera parmi les stagiaires du stage Ad Refectio-blessés et familles, organisé par la Fondation Maison de la Gendarmerie en lien avec la DGGN et cofinancé par la Caisse Nationale du Gendarme, permettant aux blessés de l’Arme et à leurs familles d’être accompagnés dans leur reconstruction physique et mentale. Ce stage, il le fait aussi pour sa femme « c’est pour l’intégrer elle, qu’elle voit des médecins, des psychologues parce qu’elle a aussi subi…».

 

Passée l’étape cruciale de son appareillage, le très sportif Pascal vise la poursuite des épreuves du challenge Ad Victoriam et pourquoi pas également une qualification dans l’équipe de France militaire des blessés pour participer aux INVICTUS GAMES (2) en 2022 !

 

Pour finir, c’est avec "un grand plaisir" que Pascal partagera son expérience de Phénix auprès des élèves en école de gendarmerie.

 

Un grand merci à lui de s'être prêté au jeu de l'interview. Nous lui souhaitons courage et réussite dans ses nombreux challenges sportifs et nous ne manquerons pas de le suivre et de le soutenir !

 

(1) Challenge Ad Victoriam : challenge sportif annuel organisé par le CNSD permettant aux blessés de l’ensemble des forces armées de se retrouver pour pratiquer ensemble (mais aussi avec des frères d’armes valides) des activités sportives variées, sans notion de résultats ni de compétitions, positionnées sur un calendrier annuel (jusqu’à 8 épreuves/an) permettant aux blessés de se planifier un parcours individuel dans le temps en prenant en compte leurs impératifs médicaux, professionnels et personnels. La gendarmerie y participe depuis sa création en y engageant ses blessés volontaires au travers du collectif des phénix.

(2) Invictus Games : Grande compétition internationale (1ère édition Londres 2014) par le prince Harry destinée à permettre aux blessés des forces armées de plus de 18 nations de se retrouver lors d’un grand rdv annuel afin de se rencontrer au travers plus d’une dizaine de sport (du basket fauteuil à l’athlétisme en passant par la natation, le tir à l’arc…). Les blessés des forces armées sélectionnés représentent leur pays à cette occasion et intègrent l’équipe de France des blessés de la défense.